Avec l'essor des anticancéreux oraux (AO), les professionnels de santé ont dû adapter leur pratique dans un parcours de soins complexe en oncologie et à la pharmacie à usage intérieur (PUI). Dans notre établissement, plusieurs erreurs signalées nous ont conduit à initier un projet de cartographie des risques. L'objectif est d'identifier les risques les plus critiques afin de prioriser leur sécurisation au travers de la réalisation d'une cartographie des risques du circuit des AO, depuis l'inclusion dans un protocole au suivi du patient au sein des services d'oncologie et de PUI. Cette analyse est réalisée selon la méthode AMDEC (Analyse des modes de défaillances, de leurs effets et de leur criticité). Cette approche consiste à définir les étapes du processus, à identifier les modes de défaillance et leurs effets, à leur attribuer un score de criticité selon 3 paramètres (fréquence, gravité, niveau de maîtrise) et à les hiérarchiser selon 4 niveaux de risques (acceptable, tolérable sous contrôle, indésirable, inacceptable). Des professionnels de santé en oncologie et à la PUI ainsi que l'OMEDIT et la Fédération de cancérologie ont été impliqués dans la réalisation de ce projet. Au total, 22 professionnels des 4 services d'oncologie et des 4 secteurs de la PUI ont participé à cette analyse. Sur les 10 étapes du processus, 135 modes de défaillance sont identifiés, répartis notamment à 15 % sur l'étape de prescription, 27 % sur l'étape de dispensation, 11 % sur l'étape d'administration et 10 % sur l'étape de préparation et d'information patient. Sur les 58 défaillances de la PUI, 38 présentent un niveau de maîtrise excellent et 10, faible ou mauvais. Sur les 77 défaillances en lien avec les 4 services d'oncologie, entre 44 et 66 défaillances ont un niveau de maîtrise excellent et entre 1 et 3 défaillances présentent un niveau de maîtrise faible ou mauvais. Ainsi, sur les 135 défaillances identifiées, 23 défaillances sont évaluées avec une criticité nette indésirable, dont 3 à la PUI. Une défaillance à l'étape de dispensation est ressortie avec une criticité nette inacceptable et n'avait pas de moyen de maîtrise : dispensation d'un hors livret thérapeutique. En oncologie, 10 défaillances communes sont identifiées à risque par au moins 2 services, notamment 2 défaillances sur l'étape de consultation, 3 sur l'étape de prescription et 2 sur l'étape de suivi et information patient : absence d'accès aux antécédents médicaux, signature d'accord de soins, prescription type, logiciel de prescription inadapté, fiche patient et déclaration d'événement indésirable. L'analyse et l'état des lieux des pratiques professionnelles ont permis l'identification des défaillances. Ce travail, certes chronophage, a permis de prioriser 24 défaillances à risque, pour lesquelles un plan d'actions est en cours de définition. Cette démarche s'inscrit dans l'amélioration de la qualité et la sécurité de la prise en charge du patient.