Toxoplasma gondii est un protozoaire intracellulaire capable de coloniser durablement son hôte en échappant au système immunitaire. Il peut ainsi se réactiver à distance de l'infection aigue, à la faveur d'une immunodépression, entrainant une maladie potentiellement mortelle. Pour l'instant, les gènes et protéines qui permettent au parasite de survivre et d'établir l'infection chronique de l'hôte restent pour la plupart inconnus, empêchant un traitement définitif de l'infection. Sachant que le principal mode de défense de l'organisme contre le parasite est la sécrétion d'interféron ɣ (IFNɣ), nous avons cherché à identifier, grâce au système de criblage génétique CRISPR/ Cas9, des gènes impliqués dans la résistance parasitaire à l'IFNɣ. Un criblage pangénomique des gènes parasitaires responsables d'une résistance à l'IFNɣ lors d'une infection de fibroblastes humains préstimulés à l'IFNɣ a été réalisé avec le système CRISPR/Cas9. Cela a été réalisé à l'aide d'une bibliothèque d'ARN guides ciblant chacun des 8156 gènes de Toxoplasma. Il a permis d'identifier 3 gènes d'intérêt: TGGT1_233460 (SAG1), TGGT1_266740, TGGT1_309920. Afin de confirmer leur rôle, des lignées de parasites KO pour chacun des gènes ont été générées avec le système CRISPR/Cas9 et des ARNguides spécifiques. A partir de la, la croissance de chacune des lignées a était étudiée avec la méthode des plages de lyse, en présence ou non d'IFNɣ, et comparée au parasite sauvage. Si une des lignées montrait un déficit de croissance en présence d'IFNɣ, une analyse du mécanisme de résistance conféré par le gène était réalisée à l'aide de techniques d'immunofluorescence indirecte étudiant l'attachement, l'entrée ou la prolifération du parasite dans la cellule hôte. Sur les 3 gènes d'intérêt explorés, seul SAG1 a confirmé son rôle dans la résistance à l'IFNɣ avec une nette inhibition de la croissance de la lignée △sag1 lors de l'exposition à l'IFNɣ (- 50% de plaques observées par rapport à la lignée sauvage, p<0,0001). Le résultat a été confirmé en générant une lignée KO complémentée pour le gène SAG1 qui permettait de restituer le phénotype sauvage. L'étude de la prolifération parasitaire en présence d'IFNɣ, via la comparaison de la taille des vacuoles intracellulaires 28h après l'infection, n'a pas montré de différence entre la lignée sauvage et △sag1. Cependant, l'étude des étapes d'atachement et d'entrée du parasite a montré une diminution significative de l'attachement des parasites △sag1 aux cellules (-50% de parasites attachés, p<0,0001) par rapport aux sauvages lors de l'exposition à l'IFNɣ. Cela suggère un mécanisme de résistance passant par une restitution de la capacité d'attachement à la cellule hôte. L'infection chronique par Toxoplasma pose de nombreux challenges. Notre étude met en évidence SAG 1, un antigène de surface parasitaire, comme gène conferrant une résistance à l'IFNɣ et favorisant l'infection chronique. Au vu des résultats, il semble que l'IFNɣ entraine une modification des molécules de surface cellulaire de l'hôte, perturbant l'attachement du parasite. SAG1 permet une restauration des capacités d'attachement parasitaire, potentiellement en se fixant à ces nouvelles cibles. Si cela se confirme in vivo, SAG1 pourrait constituer une nouvelle cible thérapeutique pour luter contre l'infection chronique. Aucun lien d'intérêt