L'infection par le virus de l'hépatite D ou delta (VHD) est la forme la plus grave d'hépatite virale chronique en raison de l'évolution rapide de l'atteinte hépatique vers une cirrhose ou la survenue plus fréquente d'un carcinome hépatocellulaire. Malgré la recommandation de dépistage systématique des sujets positifs pour l'AgHBs, les données de vie réelle font état d'un faible taux de dépistage, et cette proportion varie en fonction de la population, des territoires et des pratiques de chaque centre. Notre étude a évalué la cascade de diagnostic de l'infection par le VHD dans les centres tertiaires sur une période de 5 ans, et décrit les caractéristiques des patients VHD-positifs. 6 772 sujets testés positifs pour la première fois pour l'AgHBs sur la période 2018-2022 ont été rétrospectivement inclus. Les données démographiques, cliniques et biologiques ont été analysées. Au total, 5 748 sujets AgHBs-positif (84,9%) ont été dépistés pour l'hépatite delta. Le taux de dépistage variait de 63% à 97% en fonction de la stratégie de dépistage menée dans les centres, incluant ou non le test réflexe (recherche des anticorps delta sur le même prélèvement ayant servi au dépistage de l'AgHBs). La prévalence de l'infection delta était de 6,3% (intervalle de confiance à 95% [IC] : 5,7%-7,0%). La recherche de l'ARN VHD a été réalisée chez 285 des 364 patients anti-HD positifs (78,3%), et 167 (58,6%, IC95% : 52,8%-64,2%) avaient une infection active. Plus de deux-tiers des patients (66,8%) étaient de sexe masculin avec un âge moyen de 44,9 ans. Au total, 97,5% étaient nés à l'étranger et 92,9% étaient AgHBe-négatifs. Au moment du diagnostic, le taux d'ARN du VHD était de 6,0 Log UI/mL ; 60,1% avait des ALAT >40 U/L, et 60,5% avaient une fibrose avancée (³F2), dont 37,9% une cirrhose. Le génotype le plus répandu était le HDV-1 (75,4%). Les coinfections n'étaient pas rares : 7,4% étaient séropositifs pour le VIH et 14,6% pour le VHC. Cette étude montre la nécessite d'accroître le dépistage et la surveillance de l'infection par le VHD au moyen d'outils virologiques standardisées commerciaux. Les tests réflexes (sérologique et moléculaire) permettent d'identifier les personnes infectées par le VHD et celles nécessitant une prise en charge thérapeutique éventuelle. Aucun lien d'intérêt